Le mix énergétique en recomposition, 70% de renouvelable en 2050?
Ces quatre dernières années auront constitué un sérieux apprentissage pour les observateurs et analystes financiers. Je vous propose un petit voyage dans le temps.
Trois phases importantes qui s’enclenchent mutuellement à partir de janvier 2020, où l’économie connait un arrêt brutal sous influence pandémique, puis une reprise mondiale, synchronisée au sortir du confinement (hors Chine) et une grande vague d’interrogations suite à l’invasion russe de l’est de l’Ukraine.
Une forte volatilité, empreinte d’inflation généralisée, poussée par l’emballement de la demande en fin de crise sanitaire. Une augmentation du prix des matières premières de tous types, métaux de base, matériaux de construction, denrées alimentaires, coût du transport maritime… et le chaos le plus total sur les prix de l’énergie.
Les banques centrales prennent la mesure de la situation et réagissent, pas toujours suffisamment rapidement, pour refroidir l’économie et agir sur la demande des biens et services en montant fortement et longtemps les taux d’intérêts. Action concertée qui commence à montrer ses premiers effets dans les derniers mois de 2023.
Ces événements successifs semblent particulièrement impacter le secteur des énergies renouvelables, non fossiles, qu’il s’agisse de l’éolien, du photovoltaïque, de l’hydroélectrique,… et du nouveau venu dans les mesures de soutien à son implantation, l’hydrogène en tant que vecteur énergétique.
De la préoccupation légitime du climat et de la décarbonation de nos économies, nous sommes passés au quoi qu’il en coûte énergétique…
Entre la fin du monde et la faim du mois, le choix de l’urgence a dominé.
Tout aura contribué à la désaffection du secteur des énergies alternatives
La hausse du prix des matières premières qui met à mal les projections de rentabilité en accroissant les coûts d’investissement, la volatilité des prix de l’énergie qui réduit la visibilité et l’utilité des projets, les taux d’intérêts à long terme qui progressent dans le sillage de l’action des banques centrales et qui affectent la viabilité des entreprises et provoquent la disparition de certaines…
Dernièrement encore, l’importation massive de panneaux photovoltaïques chinois vendus à prix cassés du fait de stocks excédentaires, fruits d’une surproduction "programmée" a jeté le trouble sur le secteur qui n’en demandait pas tant!
La place prise aujourd’hui par les Etats-Unis sur le marché de l’énergie pétrolière et gazière nous aura permis de faire face à la rupture d’approvisionnement de nos ex-fournisseurs russes, et le nouveau poids acquis par les américains régule favorablement les prix, mais à un niveau plus élevé qu’attendu, malgré toute l’agitation géopolitique actuelle.
Certes, les messages de modération de la consommation émis par les autorités européennes notamment auront assuré le cap des mois difficiles et nous aurons rendus plus vertueux, plus frugaux, pour un temps…
Demain?
Nos nouvelles habitudes de consommation, nos nouveaux besoins (objets connectés, IA, cryptos actifs, mobilité électrique…) sont peu compatibles avec cette frugalité. Il en va de même pour le retour à la croissance de la Chine et de l’Asie émergente.
Certains pays plus exposés que d’autres, plus historiquement dépendants, éprouvent des difficultés à rééquilibrer leur mix énergétique, et encore plus difficilement vers des sources "non fossiles", situation aggravée pour les plus endettés d’entre eux.
D’autres semblent totalement détachés de cette préoccupation de décarbonation et nourrissent d’autres projets politiques, plus vendeurs… 2024 est appelée "super année électorale": la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes.
Une fois dépassées les préoccupations géopolitiques et la nécessaire défense de nos systèmes démocratiques, l’heure des choix sera à nouveau d’actualité: le renouvelable, l’énergie alternative non carbonée sera sans nul doute à nouveau un pion indispensable sur l’échiquier du mix énergétique.
Les échéances fixées lors des dernières négociations sur le climat et le retard pris dans les engagements de ces quelques dernières années constituent un véritable challenge pour nos sociétés. Ayons à l’œil l’objectif 2050 proche du "net zéro", les fameux 70% de notre approvisionnement en énergies primaires devra être renouvelable.
En raison de ces piètres performances, la valorisation des actions du secteur des énergies alternatives est retombée à ses niveaux d'il y a cinq ans.
Le secteur recommence à faire du bruit: fusions, regroupements, niveaux d’activité en reprise,…
Le passage des combustibles fossiles aux sources d’énergie renouvelable, ainsi que le développement des systèmes de stockage et de distribution de l’énergie, offrent des opportunités tant pour l’environnement que pour les investisseurs à moyen et long terme.
Une lumière au bout du tunnel pour un secteur d’avenir vertueux!
"Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends", déclarait Nelson Mandela. Espérons que le temps d’apprentissage ne soit pas trop long pour notre mix énergétique…