Publié le 28 juin 2018
Depuis plusieurs années, les scandales sanitaires se succèdent et se ressemblent tant ils ont au moins en commun d’engendrer l’aversion des consommateurs et le désarroi des producteurs. Alors, au-delà du réflexe de regarder cette problématique en la liant à ce qui compose sa propre assiette, une dimension interpelle; les volumes concernés par le marché de l’abattage sont gigantesques en Belgique avec des millions de têtes chaque mois pour nourrir les Belges. Si ces scandales posent question, ils sont probablement le reflet d’une spirale de surconsommation non-maîtrisée qui met à mal un modèle plus équilibré qui conjugue quantité et qualité.
Le calcul peut paraître simple lorsqu’on sait que la Belgique compte 12 millions de bouches à nourrir et pourtant les chiffres donnent le tournis. En effet, les données publiées par Statbel, l’office belge des statistiques, pour l’année 2017 sont éloquents et interpellants puisque selon les dernières statistiques publiées en mars de cette année, le nombre moyen d’animaux abattus par mois sur l’année 2017 en Belgique se compte en dizaines de millions:
- 25 millions de poulets
- 912.000 porcs
- 77.000 bovins
- 65.000 dindes
- 12.000 moutons
- 5.000 unités d’autres types de volailles
- 4.000 canards
- 500 chevaux
Exprimé en termes de poids, le porc représente à lui seul 59% du poids total abattu sur un an, la volaille 25% et les bovins 16%. Ces dernières années, le nombre de porcs abattus a fortement reculé et affiche une baisse de plus de 8% sur deux ans. Alors que le nombre de bovins abattus a lui augmenté de plus de 5% sur la même période.
Le coq face à un enjeu de taille
Si l’on va plus loin dans l’analyse des chiffres, et pour cela le graphique des animaux abattus par région est plus qu’explicite, on se rend compte du poids prépondérant de cette activité en Flandre. On comprend dès lors pourquoi le débat sur la reprise de l’abattoir Veviba pose énormément de questions et représente un enjeu stratégique.
Sans préjuger des décisions dans ce dossier, la reprise de l’abattoir par une coopérative d’éleveurs de Wallonie prendrait tout son sens dans ce contexte très marqué par la méfiance. Cela permettrait aux éleveurs de mieux valoriser leur production tout en assurant une plus grande garantie au consommateur.
De plus cela permettrait d’assurer et de maintenir la filière du blanc bleu belge qui est fortement dépendante du marché belge pour son avenir. L’industrie alimentaire en Belgique est un acteur de poids et un grand utilisateur de main-d’œuvre ce qui signifie que les enjeux sont importants aussi pour cette industrie. La cohabitation d’un modèle plus régional et d’une industrie alimentaire qui reste tournée vers l’international est donc un atout et permettrait de retrouver une filière saine et rassurer le consommateur.
Le rôle des « consom’acteurs »
Mais le consommateur doit aussi jouer son rôle d’acteur responsable et conscient de son impact sur l’ensemble de la filière. la question de savoir comment conjuguer qualité et quantité ne cesse de se poser. Ces chiffres montrent également que le consommateur ne peut pas modifier fondamentalement la filière et que s’il veut une meilleure traçabilité il doit agir en modifiant ses habitudes de consommation.
Pour les producteurs, le circuit court peut être une façon de rencontrer les attentes des consommateurs, mais la maitrise de l’abattage permettrait non seulement d’apporter de la valeur ajoutée, mais également un meilleur contrôle.
Même si le consommateur devient de plus en plus acteur du changement, et que les agriculteurs veulent prendre davantage leur destin en main, la réalité des chiffres freine les possibilités.