Les actions indiennes, nouvelles stars des marchés boursiers!
La valeur totale des marchés boursiers mondiaux dépasse maintenant les 100.000 milliards de dollars!
Il existe dans le monde environ 80 marchés boursiers majeurs comprenant pas loin de 60.000 sociétés cotées dont la valeur totale (ou capitalisation boursière) avoisine actuellement 115.000 milliards de dollars. Comparativement, en 2016 ce montant n’était "que" de 69.000 milliards… Les Etats-Unis dominent largement puisque les deux plus grandes bourses mondiales, la bourse de New York (NYSE) et le NASDAQ, avec une valeur combinée de près de 50.000 milliards, représentent 42.5% de la capitalisation boursière mondiale totale. Derrière les 2 grands marchés boursiers américains, 3e sur le podium, on trouve Euronext, le plus grand marché d’actions paneuropéen qui regroupe les bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Milan, Lisbonne et Oslo. La valeur totale de la plateforme boursière Euronext était de 6.600 milliards de dollars fin décembre 2023 pour près de 1.900 sociétés cotées.
Toutefois, depuis quelques années, l’Asie occupe une place de plus en plus prépondérante. Ainsi en Chine, malgré la mauvaise tenue des actions chinoises depuis 3 ans, la bourse de Shanghai occupe toujours la 4e place mondiale avec une valeur boursière actuelle d’environ 6.500 milliards de dollars, celle de Shenzhen valant 4.300 milliards et la bourse de Hong Kong 4.100 milliards. Combinées, les 3 bourses chinoises représentent donc une capitalisation boursière d’environ 15.000 milliards de dollars. Au Japon, la bourse de Tokyo avoisine les 6.000 dollars.
Mais comme on le voit sur le graphe ci-dessous, c’est l’évolution de la bourse indienne (en blanc) qui impressionne le plus: en 20 ans, le BSE Sensex Index (l’indice de la bourse de Bombay) a été multiplié par 13, la performance des actions indiennes surpassant celle des Etats-Unis (en rouge), de Shanghai-Shenzhen (en orange) mais aussi celles de Hong Kong, d’Europe ou du Japon. La capitalisation boursière actuelle de l’Inde – en combinant le Bombay Stock Exchange et le National Stock exchange - atteint ainsi 4.500 milliards de dollars soit davantage que celles de Shenzhen ou Hong Kong!
A noter que, sur la même décennie, la bourse de Londres a connu un destin inverse, perdant complètement de sa superbe en particulier depuis le Brexit, chutant ainsi à moins de 4% de la capitalisation boursière mondiale contre près de 13% il y a 20 ans…
Et d’ici quelques années les marchés émergents, avec l’Inde en "locomotive", devraient prendre le leadership…
D’ici 2030, la banque américaine Goldman Sachs prévoit que la part des marchés émergents dans la capitalisation boursière mondiale commencera à dépasser celle des Etats-Unis, compte tenu de la forte croissance économique des marchés émergents.
Concrètement, selon cette étude, la part des USA dans la capitalisation boursière mondiale chuterait de 42.5% actuellement à 35% en 2030, 27% en 2050 et 22% d’ici 2075. Par contre, toujours selon Goldman Sachs, la part des marchés émergents augmenterait inexorablement d'environ 27% actuellement à 35% en 2030, 47% en 2050 et 55% en 2075. L'Inde devrait connaître la plus forte augmentation de sa part de capitalisation boursière mondiale, passant d’un peu moins de 3% en 2022, à 8% en 2050 et 12% en 2075 reflétant différents facteurs positifs évoqués ci-dessous. La part de la Chine augmenterait à 15% d’ici 2050 mais, dans un contexte de ralentissement de la croissance potentielle dû à la démographie, elle devrait ensuite diminuer à environ 13% d’ici 2075.
Les économistes de Goldman Sachs prévoient qu’en 2050, les 5 plus grandes économies du monde seront la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie et l’Allemagne (l’Indonésie supplantant le Brésil et la Russie parmi la liste des plus grands pays émergents à cet horizon). La Chine devrait dépasser les États-Unis en tant que plus grande économie mondiale vers 2035. A plus long terme, en 2075, les 3 plus grandes économies mondiales devraient être la Chine, l'Inde et les États-Unis, l'Inde dépassant de justesse les États-Unis, sa croissance devrait alors être sensiblement plus rapide que celle de la Chine en raison de ses meilleures perspectives démographiques.
Quels types de sociétés trouve-t’on sur les marchés boursiers indiens?
Si l’Inde compte près de 7.000 sociétés cotées actuellement, les 50 plus grandes représentent la moitié de la capitalisation boursière totale. Ces 50 géants sont surtout présents dans 3 secteurs: les conglomérats (opérant dans l’énergie, la pétrochimie, le gaz naturel, la distribution, les télécommunications, les médias ou le textile), les sociétés financières (banques en tête) et les sociétés technologiques (notamment actives dans l’informatique, le cloud, la cybersécurité, l’intelligence artificielle,…). Mais on retrouve aussi plusieurs sociétés importantes dans les secteurs de la consommation, de l’immobilier ou de l’industrie par exemple. Quant au Bombay Stock Exchange Index, plus ciblé car reprenant 30 actions, il comprend essentiellement, selon des pondérations arrêtées au 10 janvier 2024, des sociétés financières (39%), des sociétés technologiques (15%) et des sociétés pétrolières et gazières (11%).
Comment expliquer l’incroyable marche en avant des marchés boursiers indiens?
Au préalable précisons que certains notent que les valorisations élevées des actions indiennes, après la forte hausse des marchés boursiers ces dernières années, sont un motif d'inquiétude, tout comme une volatilité accrue. L'indice S&P BSE Sensex se négocie actuellement à environ 25 fois les estimations de bénéfices prévisionnels, légèrement au-dessus de sa moyenne sur 10 ans (24 fois) et au-dessus des 20 fois de l’indice MSCI World.D’autres soulignent la corruption et les inégalités sociales. Ainsi "pour 100 personnes vivant sous le seuil de pauvreté en milieu rural, 17,8% sont des Scheduled Tribes, 27,2% des Scheduled Castes et 37,6% des Other Backward Classes, ces trois groupes rassemblant près de 83% de la population en situation d’extrême misère. Inversement, plus de 41% des fractions les plus riches sont issues de hautes castes hindoues. En milieu urbain, où se concentrent les privilèges, environ 64% de la population disposant des revenus les plus élevés (mesurés à l’aune des dépenses de consommation) appartient aux hautes castes hindoues".
Mais les facteurs positifs semblent l’emporter sur les négatifs. Ainsi, en 2023, les investisseurs étrangers ont acheté pour plus de 15 milliards de dollars d’actions indiennes sur une base nette, tandis que les fonds nationaux ont investi plus de 20 milliards de dollars. Ce soutien institutionnel a été complété par un boom des investissements des particuliers depuis la pandémie.
La croissance économique du pays se démarque en effet dans un contexte macroéconomique mondial en ralentissement, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) indien affichant une santé insolente. En fait depuis 2014 - début du mandat du Premier ministre Narendra Modi -, le PIB a presque doublé, passant d’environ 2.000 milliards de dollars à près de 3.750 milliards de dollars en 2023, permettant ainsi à l’Inde de dépasser le Royaume-Uni et la France pour pointer au 5e rang mondial. Cela renforce les chances du Premier ministre Narendra Modi et sa formation nationaliste hindoue de briguer un 3e mandat et de conserver le pouvoir lors des élections cette année. D’autant que ce PIB pourrait frôler les 6.000 milliards de dollars d’ici 2028…
Le dynamisme de l’économie indienne – et par conséquent la très belle performance globale des actions du pays - peut s’expliquer en prenant en compte plusieurs facteurs et en particulier:
- La stabillité politique, déjà notée ci-dessus.
- Un gouvernement qui investit massivement dans les infrastructures…
- … qui a aussi amélioré la fiscalité notamment avec par exemple la réduction du taux d’imposition des sociétés…
- … et qui a initié plusieurs réformes économiques qui ont boosté les exportations et la consommation nationale.
- L’Inde, en pleine croissance démographique, vient de ravir en 2023 à la Chine la première place mondiale en termes de population soit 1,436 milliards personnes.
- Une population jeune, soit 28.2 ans en moyenne et même encore plus jeune qu’en Chine par exemple (39 ans en moyenne) selon les statistiques de Worldometer…
- Une jeunesse "biberonnée" aux nouvelles technologies dans un pays de plus en plus digitalisé…
- … et où parallèlement le nombre de start-up explose renforçant la dynamique économique.
- L’important et vital système bancaire semble solide, notamment caractérisé par un faible endettement.
- L’économie est fortement tournée vers le secteur porteur des services et l’industrie a encore un potentiel de croissance très important.
- Enfin, certaines tensions géopolitiques défavorisent les investissements étrangers en Chine (le soutien chinois à la Russie, les tensions avec Taïwan,…) au détriment de l’Inde qui apparaît plus "neutre".
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